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Polissage et modelage du bronze : La scie et la galère

 

Le modelage et le polissage des objets en bronze constituent un passage obligé dans l’obtention d’objets d’arts de qualité. Mais ce métier fait partie des plus ingrats dans le travail artistique. Quelle galère pour la plupart de ceux qui s’y sont engagés ! A l’image de Adama Nikiéma, chef d’atelier de la vitrine du bronze de Ouagadougou.

 

La vitrine du bronze abrite l’administration, les magasins de ventes et l’atelier de polissage, de modelage et de finition. Cet espace de production artistique est situé au cœur de la capitale entre l’hôtel de ville et le centre culturel Français Georges Méliès. Une trentaine de personnes, les mains rugueuses s’attèlent à sortir des chefs d’œuvre. Au bout de mille et un efforts. Que de bruit de scies qui passent et repassent sur les différents objets pour leur attribuer la forme idéale ! A cet instant précis, les objets d’art en création sont encore méconnaissables, loin de ressembler à un travail artistique. « Attendez sa finition et vous allez apprécier », nous rassurent les occupants des lieux, très pris ces temps-ci.

 

L’approche du SIAO oblige. A l’image de Adama Nikiéma, le chef d’atelier de la vitrine du bronze, la plupart des travailleurs ici évitent de serrer la main de leurs hôtes, tellement leurs mains sont désagréables à voir. Le travail requiert une force physique considérable. C’est une activité de survie. « On ne peut pas parler de rentabilité dans ce travail, seulement on ne meurt pas de faim », souligne le chef d’atelier. Lui-même y est arrivé, parce qu’issu d’une famille de forgeron. Son père était bijoutier et il a voulu suivre ses traces. La cinquantaine bien révolue, Adama Nikiéma se sent maintenant fatigué et est à la recherche d’une éventuelle offre d’emploi. Pour changer de métier, il compte sur le permis de conduire dont il est titulaire depuis 1993.

 

De 50 employés à l’ouverture de l’atelier de finition de la vitrine du bronze en décembre 1999, ils ne sont plus qu’une trentaine, voire moins. Tout le monde, à l’heure actuelle, prospecte d’autres horizons pour quitter ce calvaire. « Tous ceux qui travaillent ici cherchent à partir, c’est faute de mieux qu’on est ici », confie le chef d’atelier. Sans d’argent et sans relation, l’atelier offre très peu d’opportunités de réussite dans la vie. Les visites ici sont rares : « Ceux qui viennent à l’atelier de finition, c’est juste pour prendre des photos, c’est à peine si on sait qu’il y a des gens ici », s’alarme M. Nikiéma.

 

Le chef d’atelier est encore plus préoccupé par sa reconversion car il estime que l’art est en train de perdre sa valeur, de devenir de moins en moins rentable et d’être de plus en plus saturé. Actuellement, le sourire se lit sur les visages de quelques uns malgré la dureté du travail car l’approche du SIAO est sensée être la bonne période. Elle est certes difficile en volume de travail, mais c’est le moment propice d’engranger quelques sous. Juste de quoi survivre pendant quelques mois. Quelle galère !

 

Moussa Diallo

Lefaso.net



21/10/2010
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