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Issaka Sawadogo : L’autodidacte de la culture burkinabè

« Il y a deux grands évènements dans la vie de l’homme : la naissance et la mort. Mais le plus important, c’est ce qui va se passer entre les deux », aime à répéter Issaka Sawadogo. Lui s’efforce de remplir le temps qui s’écoule entre ces évènements en vivant sa passion : le théâtre.

 

 

Le dernier film dans lequel il tient le premier rôle, L’envahisseur, est unanimement salué par la critique. Issaka Sawadogo y campe le rôle d’un immigré qui échoue sur une plage d’Europe, à la recherche du paradis et plein de questionnements sur sa place dans ce monde. L’homme est très entreprenant. En cherchant à améliorer ses conditions d’existence, il se retrouve très vite dans l’enfer et il essaie de survivre. L’acteur en est encore marqué. Pas seulement à cause du prix de meilleur acteur que le film lui a permis de décrocher au Festival international du film de Gand, en Belgique, mais parce que le film, d’après lui, démontre comment les malheureux qui débarquent au péril de leurs existences sur les plages européennes dans l’espoir d’une vie meilleure sont utilisés par le système.

 

Acteur, danseur, musicien et metteur en scène, né à Ouagadougou en 1966, Issaka Sawadogo mène sa carrière entre son Burkina Faso natal et la Norvège où il est consultant culturel auprès du Théâtre national de Norvège. Au Burkina Faso, il fait partie des bâtisseurs du Carrefour international du théâtre de Ouagadougou (Cito), partenaire du Théâtre national de Norvège avec lequel ils coproduisent des œuvres. C’est une association créée en 1996 qui rassemble les artistes de toutes disciplines : comédiens, metteurs en scène, danseurs, chorégraphes, musiciens, etc. Le Cito accueille tout au long de l’année plusieurs créations et des spectacles dont certains tournent à l’étranger…

 

TOUCHE-A-TOUT


En août 1997, il n’était encore qu’un lycéen lorsqu’une affiche attire son attention au Centre culturel français de Ouagadougou. Elle annonçait qu’une troupe de théâtre de la place recherchait des comédiens pour renforcer ses effectifs. C’était le Théâtre de la Fraternité de Feu Jean-Pierre Guingané. Il se présente et intègre la célèbre troupe avec laquelle il sillonnera les routes du Burkina pendant sept ans.

 

L’année 1992 marque un tournant dans sa carrière. Alors qu’il participait à une tournée internationale avec le Théâtre de la Fraternité à Oslo, il est approché par le Théâtre national de Norvège, à la recherche de partenaires pour la politique d’ouverture culturelle qu’elle mettait en place. Au départ, on lui offre un contrat de sept mois, mais d’autres vont suivre très rapidement. « Je prévoyais de revenir au Burkina Faso après la tournée pour des études universitaires. » Il n’en aura jamais le temps. « Je n’ai jamais décidé d’aller m’installer en Norvège. Mais chaque année, j’avais au moins deux contrats.

 

Ce qui ne me laisse pas beaucoup de temps… », se justifie t-il en se défendant d’avoir choisi l’Europe comme terre d’exil. Dans les principales villes de Norvège et dans les écoles, il propose des cours sur la technique des contes, la danse et les rythmes africains et des spectacles qui mêlent parole et musique, chorégraphie et art dramatique : « Djenjoba » (2001), « L’Eveil » (2000), « Le Roi des mouches » (1997). À Ouagadougou, cette année, un centre culturel d’éveil préscolaire a vu le jour. Une œuvre du comédien. Les tout-petits peuvent s’initier à la musique, la chorégraphie, au théâtre, à l’art plastique…

 

Le comédien burkinabè n’a jamais mis les pieds dans une école d’art dramatique. Il est tout juste titulaire d’un baccalauréat G2 et possède de solides expériences en culture maraîchère, en mécanique, en menuiserie, en maçonnerie, métiers qu’il a tour à tour exercés parce qu’il ne savait pas « où était sa chance ». Son premier rôle, c’est Jean-Pierre Guingané qui le lui offre. Dans « Papa oublie-moi », l’une des pièces du célèbre dramaturge, il campe le rôle d’un enfant qui nourrit de nombreux rêves, mais qui a le malheur de vivre dans une famille où le père est irresponsable.

 

BELLE REVANCHE


Depuis lors, Issaka Sawadogo a toujours joué les premiers rôles. Ses convictions l’amènent parfois à refuser des rôles, quand ils compromettent sa façon de voir les choses. « Je viens de refuser un rôle où on me demandait de jouer un enfant-soldat africain sauvé par une femme blanche. J’ai refusé parce que je n’admets pas que les mêmes personnes qui sont à la base des conflits en Afrique, tournent des films dans lesquels les Africains jouent les méchants, pendant qu’eux s’attribuent le beau rôle. Je ne veux pas de rôle où on me demande de venir exhiber mon africanité, bander les muscles, jouer au tamtam pour montrer que je suis un bon Africain. » Mais Issaka Sawadogo ne condamne pas pour autant ceux qui le font : « Je suis aussi passé par là. Si cela peut les faire connaître… »

 

Une belle revanche sur la vie pour ce doux colosse issu d’une famille polygame. Cinquième enfant de sa mère - qui a eu neuf enfants vivants - et neuvième de son père (21 enfants), Issaka Sawadogo grandit avec trois mamans et dix-sept frères et sœurs. « Avec les cousins et oncles, trente personnes vivaient sous le même toit. C’était un spectacle permanent, une école qui ne délivre pas de diplôme, mais qui t’apprend à t’intégrer dans la vie », se souvient-il. « Je ne peux pas garder de l’argent dans une banque quand une personne meurt de faim à côté de moi ! Raison pour laquelle j’ai toujours les poches vides ! », confie-t-il encore avec un grand sourire.

 

PAR DÉSIRÉ THÉOPHANE SAWADOGO

 

Source: Notre Afrik



17/07/2012
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