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Pourquoi l’ADF/RDA n’est pas dans le gouvernement

Annoncé pour 17h30, c’est avec près de 3 heures de retard que le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré, a lu la composition du gouvernement III de Luc Adolphe Tiao le 2 janvier dernier. N’ayant entendu le nom d’aucun représentant de l’ADF/RDA, beaucoup de téléspectateurs se sont demandé si leur appareil auditif ne leur avait pas joué un mauvais tour. Pour une surprise, la sortie de l’ADF/RDA du nouveau gouvernement en était une.

 

 

Interrogé sur le sujet, le porte-parole du gouvernement a expliqué que « les négociations avec la formation politique de l’ADF/RDA en vue de converger vers le présent gouvernement n’ont pas abouti », avant d’annoncer que « le Premier ministre lui-même va tenir une conférence de presse pour pouvoir vous donner davantage d’éléments autour de ces négociations qui n’ont pas abouti à ce que l’ADF/RDA accepte de faire partie de ce gouvernement ».

 

Revenu dans son fief à Ouahigouya le 3 janvier pour remercier ses militants, Gilbert Ouédraogo a tenté, en vain, d’éviter les journalistes qui se pressaient pour lui poser la question qu’il savait inévitable, avant de les renvoyer à la réponse du ministre Traoré. C’était sans compter avec ces « journalistes emmerdeurs » venus faire leur métier et décidés à ne pas se faire tourner en bourrique. Ils insistent : « Est-ce parce que l’offre était petite que vous l’avez rejetée ? », lui demande un confrère. « Non, pas du tout, je peux même vous dire que l’offre était supérieure par rapport à ce qu’on avait, mais je ne veux pas donner de détails », répond le patron de l’ADF/RDA, visiblement agacé.

 

Depuis la conférence de presse du premier ministre le 10 janvier, on en sait un peu plus sur les raisons de l’absence de l’ADF/RDA du gouvernement « Avec l’ADF/RDA, on n’a pas pu s’entendre sur certains points, notamment le nombre de portefeuilles ministériels et le positionnement. Finalement, comme le temps pressait, nous avons formé le gouvernement ». Luc Adolphe Tiao s’est toutefois refusé à en dire plus.

 

Après recoupements de plusieurs sources, Lefaso.net est en mesure de révéler certains « détails » qui ont fait capoter les discussions. Dès la reconduction du premier ministre, les tractations en vue de former le nouveau gouvernement se sont accélérées ; la présence de l’ADF/RDA dans le gouvernement n’est pas remise en cause, d’autant moins que deux jours plus tôt, les 18 députés ADF ont apporté sans rechigné leurs voix au candidat du CDP à la présidence de l’Assemblée nationale, Soungalo Ouattara, ce qui lui a permis de remporter la victoire avec 96 voix contre 30 à son concurrent.

 

C’est dans une excessive confiance que le patron de l’ADF/RDA va donc réclamer au premier ministre l’augmentation de sa « part de gâteau » dans la nouvelle équipe gouvernementale en dévoilant ses prétentions : un ministère d’Etat pour lui même, puis les portefeuilles de la Santé, de l’Agriculture, de la Promotion de la femme et du Genre, et enfin de l’Economie numérique ! Le premier ministre manque de s’étrangler avant de se ressaisir et lui demander de revoir ses ambitions à la baisse et lui fournir la liste de ses candidats. Gilbert Ouédraogo refuse.

 

Quand, à Ouahigouya, il a déclare que « l’offre était supérieure par rapport à celle qu’on avait », il dit vrai. « On leur a proposé trois postes et il a refusé, campant sur ses revendications de départ. Il a argumenté en disant que l’ADF/RDA est sortie renforcée des élections en élargissant sa base électorale, ce qui n’est pas le cas du CDP », confie un député du parti majoritaire.

 

En fixant la barre très haut et en réduisant les marges de négociation, Gilbert Ouédraogo a joué à quitte ou double. On connait la suite. Il va devoir maintenant expliquer ce revers politique aux cadres de son parti dont certains sont particulièrement remontés contre lui, d’autant que le premier ministre a été clair : « Un remaniement [pour faire entrer l’ADF/RDA dans le gouvernement] n’est pas à l’ordre du jour ».

 

Joachim Vokouma
Source: Lefaso.net



15/01/2013

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