INFORMATION, CULTURE, DICTION, VALEURE MORALE AFRICAINE

INFORMATION,  CULTURE,  DICTION,  VALEURE MORALE AFRICAINE

26/11/2009. Frédéric Titinga PACERE éminent homme de culture, de droit, et des lettres

Frédéric Titinga PACERE éminent homme de culture, de droit, et des lettres « J’ai l’impression, en parcourant l’Afrique et mon pays, que nous n’avons pas trop foi en notre culture … »

Le lièvre, on peut ne pas l’aimer, même lui dénier de grandes oreilles ; mais, on ne peut lui refuser sa qualité de fin coureur. C’est-ce que dit le dicton et il nous fait penser à cet homme qui, pour ne pas avoir sa langue dans la poche et qui se trouve sur plusieurs fronts de batailles des hommes, n’est pas des moins polémiques autant il est polémiste acerbe. Me Frédéric Titinga PACERE, c’est de lui qu’il s’agit, est un homme à plusieurs casquettes, un homme orchestre diront certains. Auteur de plusieurs travaux de réflexion en droit et en lettre, protecteur et diffuseur de valeurs culturelles de son terroir et de l’Afrique, l’homme a incontestablement porté haut, même très haut, le nom de notre pays. A preuve, en l’espace de 8 jours, dans le même mois de l’année 2009, il a été admis dans deux prestigieuses académies en France. L’occasion faisant le larron, profitant de l’interview qu’il nous a accordée, relativement à la destruction du fétiche de Kalsaka, nous nous sommes fait fort de l’amener à nous entretenir sur le sens et la portée de ces récentes distinctions ainsi que sur son combat pour la défense et la promotion de la culture burkinabè et africaine. Lisez plutôt !.

Maître, vous avez été admis, courant octobre 2009, à deux académies en France. Peut-on savoir de quelles académies il s’agit, et le sens exact de ces élévations de votre personnalité en France ?

Maître Frédéric Titinga PACERE (Me F.P.T) : Je l’avoue, ce fut une surprise pour moi. En effet, le 13 octobre 2009, j’ai reçu un message m’informant en confidentiel avant qu’une lettre officielle me parvienne, que la veille, dans l’après-midi soit le 12 octobre 2009, le bureau et l’organe délibérant de l’Académie des arts, des lettres et des sciences de Languedoc m’a admis en son sein en qualité de membre Honoris Causa conformément à l’article 6-D portant composition de l’académie. Au terme de cette disposition, le membre honoris causa est entendu comme une personnalité française ou étrangère à la France dont la présence honore l’académie. Cette personnalité est Ambassadeur, à travers le monde, de l’académie. Huit jours plus tard, soit le 21 octobre 2009, j’étais également informé que le bureau et l’organe délibérant de l’illustre Académie des Sciences d’outre-mer, connue de l’Afrique parce que quelques rares éminents membres y ont déjà siégé, à la différence de la précédente académie qui n’avait pas encore connu d’Africains en son sein, s’était réuni la veille, soit le 20 octobre 2009 et à l’humanité, comme la précédente académie, m’a admis comme membre.

L’Académie de Languedoc m’a déjà informé que je dois recevoir les insignes de membre honoris causa et être installé dans les salons de l’illustre palais de Luxembourg de Paris, le mercredi 2 décembre 2009. Pour l’Académie des Sciences d’outre-mer, la décision venant d’être prise, les cérémonies d’investiture et de remise d’insignes n’ont pas encore fait l’objet de programmation de date.

Dans un intervalle de 8 jours, vous vous retrouvez ainsi dans deux académies ; cela honore au-delà de votre personne, notre pays le Burkina Faso. Si pour l’Académie de Languedoc, vous êtes seul de l’Afrique pour l’Académie des sciences d’outre-mer, êtes-vous également la seule personnalité africaine avoir été nommée ?

Me F.T.P : Pour ces académies de très haut rang, le nombre d’académiciens est en général fixé depuis des décennies sinon des siècles. La conséquence de cela est qu’il faut qu’un académicien meure pour qu’il soit pourvu à sa charge. Concernant l’Académie des sciences d’outre-mer, l’information est récente. Je n’ai pas pu avoir d’autres précisions, encore qu’en fait, dans mon intime joie, cette élévation de ma personnalité me dépasse et me suffit. Je ne vois pas pourquoi je chercherai d’autres précisions immédiates sous cet angle. Néanmoins, j’ai entendu ces derniers jours, que le Prince HENRIK du Danemark a été admis en même temps que moi dans cette académie.

Concernant l’Académie des sciences d’outre-mer, puisque dans l’autre vous êtes seul africain à ce jour, et nous attachant au volet culturel qui semble le plus marquer votre personnalité, y a-t-il au moins d’autres artisans défenseurs de la culture africaine également admis ?

Me F.T.P : De ce que j’ai entendu dans ce domaine, il est à citer le poète président, Léopold Sédar SENGOR admis en 1971 dans l’académie. Avant de cumuler également avec son élévation à l’Académie française. Je peux citer également, Amadou Matar MBOW du Sénégal. Il y a aussi, Amadou-Hampaté-BA du Mali. On m’a cité également un de mes aînés, M. Oumar BA de Mauritanie l’homme qui a traduit le Coran en français. Lui et moi, avons en 1979, fait plus de 10 Etats des Etats unis (Indiana, Texas, Californie Nord et Sud, Géorgie, en rendant visite à la famille de Martin Luter KING,…) pour prononcer des conférences, exposer et défendre la culture africaine.

Me, dans quelle circonstance avez-vous connu cette distinction de membre honoris causa de l’Académie de Languedoc ?

Me F.T.P : Pour compréhension, je suis obligé de partir de très loin. Pendant une quinzaine d’années, j’ai eu à siéger (et continue de siéger d’ailleurs) au jury du grand prix littéraire de l’Afrique noire, connu sous le nom de concours africain, qui est le plus grand prix littéraire de l’Afrique au Sud du Sahara. Le président, pendant plus d’une dizaine d’années était le professeur émérite de la Sorbonne et de Paris Descartes, le Pr Edmond JOUVE. Nous avons sympathisé. On nous appelait les amis, et même les frères. Il m’a invité plusieurs fois dans sa région de Quercy relevant du Languedoc (Sud-ouest de la France) et son village, Peyrac, que j’ai plusieurs fois visité. Il m’a même montré et fait connaître la ville mythique, Rocamadour, dont je serai citoyen d’honneur.

Lui aussi a eu un amour très profond pour le Burkina Faso (il est officier de l’Ordre national du Burkina Faso) et est venu me rendre visite plusieurs fois à Manega. Au moment, d’aller à la retraite, ses amis de l’université de la Sorbonne m’ont demandé de faire un témoignage sur sa vie, telle que l’a perçue et l’aperçoit son frère d’outre-mer que je suis. On souhaitait au maximum 6 pages, j’en ai fait 126. Evidemment, les témoignages devant être rassemblés pour confectionner un ouvrage, « Mélange offert au Pr Edmond JOUVE », mon travail dépassait la mesure souhaitée. Mais le comité d’organisation de l’ouvrage a été impressionné par le travail qui apparaît hors des normes et des canaux classiques de la littérature française. En effet, j’ai parlé de lui, du Quercy, de sa famille, de ses travaux, en utilisant le langage du tam-tam et des masques de mes propres travaux que j’ai désignés par le concept de la Bendrologie. Ce manuscrit qui a fasciné le comité d’organisation des « Mélanges… », a fait l’objet de communication à des sphères intellectuelles de recherche et de publication du Languedoc. Il a été ainsi se retrouver dans le cercle de l’Académie des Arts, des Lettres et des Sciences qui l’a étudié, analysé, soumis au jury littéraire de l’académie, qui l’a plébiscité et lui a attribué le grand prix de poésie de l’année, grand prix connu sous l’appellation de « Grand prix Goudouli de Poésie de l’académie des Arts des Lettres des Sciences de Languedoc ».

J’ai été invité le 12 juin 2009 au palais du Luxembourg pour recevoir et le prix, et les insignes de ce prix. La cérémonie avait été rehaussée par la présence de notre ambassadeur, Luc Adolphe TIAO, à Paris, notre consul honoraire à Nice, Arcadi de St Pierre, notre ministre de la Jeunesse et de l’Emploi de passage à Paris, Michel KOUTABA, outre les présidents de plusieurs académies et d’institutions au plus haut degré de ce pays. J’ai prononcé après avoir reçu le prix et les insignes, un discours que je pensais conforme à mon style et à ma nature, à mon cœur.

Les suites de ce discours me surprendront. Beaucoup d’académies et institutions de France, surtout que la cérémonie s’est déroulée au palais de Luxembourg qui suppose un grand rendez-vous d’auréoles, ont demandé une copie du discours. De ce que j’apprendrais plus tard, les académiciens auraient vu derrière ce discours, une personnalité spéciale qui méritait approche et connaissance. C’est ainsi que j’ai appris qu’on aurait fait des recherches sur mes travaux avec analyse de ma personnalité à travers l’Afrique et le monde. C’est suite à cela que j’ai brutalement moi-même appris ce 13 octobre 2009 que la veille, 12 octobre 2009, cette académie m’a introduit en son sein avec qualité suprême de membre honoris causa. J’avoue que j’étais un peu abasourdi avec un sentiment de vertige du fait que je ne pensais pas un jour être membre d’une académie encore moins d’une académie de France de cette envergure-là.

Cette académie de Languedoc, pouvez-vous nous donner quelques éléments sur son institution et ses objectifs ?

Me F.T.P : Cette académie des Arts, des lettres du Langue d’Oc est une société savante de France. Elle a été fondée pour établir un lien permanent entre la capitale française (Paris) et les principales métropoles des pays d’Oc. Ses objectifs, c’est de sauvegarder les traditions des témoins de ces anciens parlers occitans et de favoriser l’essor de ces pays dans tous les domaines, scientifique, littéraire, artistique, économique, social, culturel. De ces moyens d’actions figurent l’attribution de prix et récompenses à des organismes et personnalités qui perpétuent les traditions languedociennes et se révèlent les meilleurs dans leurs activités.

De ce que vous venez de dire, on se demande ce qu’une telle académie spécialisée peut rechercher dans des travaux de Me PACERE. On ne voit pas très bien en quoi vos travaux ont pu rencontrer l’intérêt d’une telle académie. Que s’est-il donc passé, vous concernant, pour que vous ayez une admission dans un cercle peut-être même fermé pour les Français natifs ?

Me F.T.P : Le problème est très complexe. Il faut, je le crois, remonter aux raisons de la fondation de cette académie dont les objectifs comme signalés sont de sauvegarder notamment d’anciens parlers. Sans déjà entrer au fond du problème et me référant à mon ouvrage qui m’a fait connaître par cette académie, cet ouvrage est certes pour rendre hommage à une personnalité de ce pays de Langue d’Oc, mais si on lit les domaines décrits abordés, portent des titres tel que "Le Quercy et le paysage" (deuxième chapitre de l’ouvrage) "Parcours à travers la nature" (quatrième chapitre de l’ouvrage) "Les traditions" (cinquième chapitre de l’ouvrage) "Le gouffre de PADIRAC" (6e ch.) "ROCCAMADOUR, Le Sanctuaire, le sacré et le culte" (7e et 8e chapitre) "Le grand ordre et l’Epée Durandal", « Des épopées du Quercy et de France (9e et 10e ch.) "Les auteurs et écrivains du Quercy" (11e chapitre). Comme on le constate, mon livre traduit, illustre, défend les valeurs culturelles, les traditions languedociennes, la littérature, les épopées et les légendes languedociennes.

Je suis donc entré dans ce livre en expert, en spécialiste selon eux du pays d’Oc, ce qui a légitimé leur attrait d’une telle personnalité à être membre et avocat connaisseur du pays d’Oc. Si maintenant on veut entrer en profondeur des valeurs de recherche et quêtes de cette académie, il faut savoir qu’elle s’est fondée pour, entre autres grands objectifs, défendre la Langue d’Oc. Langue qui emportait depuis des siècles des valeurs culturelles millénaires et que le Français depuis, phagocyte ne ramène les utilisateurs et les conservateurs et qu’à quelques milliers, quelques centaines, sinon à des individualités de personnes. Aussi cette académie lutte au plus profond d’elle-même pour la préservation des langues, la préservation des cultures des langues en voie de disparition. Il se fait que du côté de la compréhension, une très grande partie de mes recherches et publications porte sur les valeurs et civilisations contenues et incarnées dans les langues africaines en particulier le moré du Burkina Faso. J’ai eu à m’exprimer sur ce terrain en maintes occasions et dans mes travaux, que le langage des anciens en particulier du mogho, que le langage des tam-tams et des masques d’Afrique renferment et enseignent des valeurs pour la paix et la gouvernance des peuples qui ne relèvent pas des langages courants. Pierre GOUDOULI, dont il m’a été attribué le prix qui porte son nom, a lutté pour que ces langues ne disparaissent pas, parce que vecteurs de valeurs intemporelles.

L’académie a fait un parallèle certainement entre les luttes menées par cet homme né en 1580 et décédé le 10 septembre 1649, avocat de l’Occitan pour des langues porteuses de valeurs et fortement agressées, livrées à la mort par des langues de puissance, et mes travaux qu’on estime également passionné comme ceux de Pierre GOUDOULI, ici pour que les langues africaines ne disparaissent parce qu’elles emportent des valeurs qui ont droit à l’éternité. L’intérêt et l’inquiétude d’un Pierre GOUDOULI de France du 16e siècle et d’un Me PACERE des temps modernes de l’Afrique et du Burkina Faso sont légitimes et de gravités extrêmes du cœur même des luttes de l’académie actuelle de Languedoc.

Je voudrais me faire comprendre. Comme je l’ai dit dans mon discours de réception des insignes, selon l’UNESCO, de nos jours, une langue sur près de 6300 que comptent la planète meurt en moyenne toutes les deux semaines. 50 à 90 % des langues, et c’est un drame, pourraient disparaître au cours de ce siècle. Une langue telle que l’Arakie au Vanuatou dans le pacifique n’est plus parlée que par 8 personnes. Il y a 67 groupes ethniques au Burkina Faso. 52% de la population représente le groupe des mossé. Selon le Pr Gérard KIENDREBEOGO, directeur de l’Institut des sciences de la société (INSS) de l’université de Ouagadougou, 7 langues mooré des mossé risquent de disparaître d’ici un siècle, au plus un siècle et demi. Que penser, dès lors, de l’avenir d’ici un siècle et un siècle et demi des 66 autres groupes ethniques du Burkina Faso. L’académie de Languedoc qui s’est donné pour objectif la préservation des langues, parce que porteuse d’humanisme et de l’humanité, a vu dans mes travaux et luttes, une passion de ne pas laisser disparaître les langues et leurs cultures.

Elle a vu en son ancêtre Pierre GOUDOULI un avocat de la lutte du Languedoc, mais en fait dans le principe, de la lutte universelle pour la sauvegarde des langues, et a vu au-delà des terres et des mers, au-delà des continents, des forêts et des sables mouvants, au delà même du temps, en Me PACERE un succédané, une résurgence d’un Pierre GOUDOULI qu’il faut reconnaître, et distinguer. J’ai dit précédemment que dans les objectifs des statuts du prix de cette académie, ce prix récompense des personnalités qui perpétuent les traditions languedociennes, mais j’ai précisé aussi qu’il s’agit de récompenser des personnalités qui se révèlent les meilleurs dans leurs activités. Ils ont donc récompensé Me PACERE comme se révélant meilleur dans ses travaux de recherche et de publication qui rejoignent les principes de défense sacrés de l’académie à savoir la défense des cultures des mondes en péril, particulièrement la culture des langues.

Comment Me PACERE s’est-il retrouvé membre d’une telle illustre académie des sciences d’outre-mer ?

Me F.T.P : Là aussi, je l’avoue, c’est très complexe, et je suis obligé de vous parler de l’histoire de ma plume car nécessaire à la compréhension ; même si, j’en conviens, ces derniers moments j’ai été absent de l’histoire qui s’est construite sur deux décennies sans recherche directe de cette académie.

Je crois que je dois beaucoup au Professeur émérite des universités de France, Robert CORNEVIN, à mes débuts, président de l’Association des écrivains de langue française, secrétaire perpétuel de l’Académie d’outre-mer, directeur de la documentation française et ai devant sa mémoire une pensée parce qu’il fut l’un des plus grands artisans de ma plume et de ma personnalité. En 1975, je pensais sortir coup sur coup 5 ouvrages dont 3 de poésie qui sont les premières publications de ma vie :

1. La famille voltaïque en crise (sociologie)
2. Problématique de l’aide aux pays sous-développés (économie)
3. Refrain sous le Sahel (Poésie)
4. Ça tire sous le Sahel (Poésie)
5. Quand s’envolent les grues couronnées (Poésie)

Mes trois dernières publications, toutes de poésie, furent soumises aux grands prix littéraires de l’Afrique Noire (ADELF) comme sus précisés appelés Concourt Africain, le plus grand prix littéraire au Sud du Sahara. Le président de l’ADELF était le Pr Robert CORNEVIN que je ne connaissais que de nom, et parce que qu’il avait beaucoup écrit sur l’Afrique noire. Je n’eus pas le prix, mais en fait, je ne m’attendais pas à quelque chose, n’ayant jamais pensé que mes œuvres pouvaient avoir une valeur. En 1977, je fus surpris, suite à un rendez-vous sollicité, de recevoir à mon bureau, une personnalité qui se présenta. C’était le Pr Robert CORNEVIN. Il me dit qu’arrivé à Ouagadougou dans le cadre de coopération entre la France, la Côte d’Ivoire et la Haute-Volta aujourd’hui Burkina Faso, pour la réalisation d’un film sur l’histoire du chemin de fer Abidjan-Niger, il s’était souvenu de ma postulation et de mes ouvrages soumis en 1976 aux grands prix.

Il m’apprit, ce qui me renversa comme une hydre, qu’il y avait des dizaines d’ouvrages soumis, mais que le jury était parvenu après plusieurs échanges et tours de table à se retrouver devant l’œuvre d’un certain écrivain et mon œuvre constituée par 3 recueils de poèmes. Près de 5 tours de tables n’avaient pu départager ces postulants. Et que, il me le confesse, il en recourt, « en tant que président, à ma décision pour trancher qui n’était pas littéraire et ne portait pas sur les œuvres en compétition ». Il a réfléchi avec le jury sur beaucoup d’autres critères, mais, il s’est aperçu en revoyant les fiches, que l’auteur que j’étais, était encore très jeune, qu’il a publié 5 ouvrages en une seule année. Il a dit : « un enfant de cet âge qui publie 5 ouvrages dont 3 recueils de poèmes de cette facture la même année produira certainement beaucoup d’ouvrages dans la vie et de qualité. Certaines raisons ne permettaient pas de penser que l’autre candidat pourrait encore écrire. » Il me dit donc que s’il s’est permis de m’ouvrir cette confidence, c’est parce qu’il pense que le fait de n’avoir pas eu le prix, je ne me décourage et n’écrive plus. Je lui ai dit qu’en toute honnêteté, je ne pensais pas à ce prix parce que je n’avais jamais imaginé que mes écrits avaient de la valeur à mériter un tel prix.

J’ai voulu seulement risquer parce que incité par mon éditeur, Pierre Jean OSWALD de Paris. Seulement et je le lui ai dit, que lui, auréolé de tant de compétences et de récompenses universelles, vienne jusque dans mon bureau pour me dire que ma plume poétique vaut de la peine, cela n’est pas seulement qu’un honneur, mais une dictée de reprendre vite ma plume et de réécrire.

Ainsi, en 1979, j’ai publié mon ouvrage de sociologie "Ainsi, on a assassiné tous les mossé". En 1982, j’ai publié en même temps deux ouvrages de poésie :

1. Poème pour l’Angola
2. La poésie des griots

Ces deux livres ont reçu justement le grand prix littéraire de l’Afrique noire que je convoitais déjà. Pour me témoigner de son admiration et de ses encouragements à continuer de produire et à défendre la culture, il m’amena visiter la documentation française qu’il dirigeait. Le soir il m’emmena dans un restaurant sur le bord de la Seine. La table qui nous reçut m’apparaissait singulière et plus singulière encore était la position de la chaise sur laquelle il me demanda de m’asseoir. La position de la table semblait isolée, mais des rubans dorés isolaient encore la chaise qu’il me fit occuper. Au moment de me lever de la chaise, j’osai lui demander quelle était la particularité de cette table et de la chaise sur laquelle je me suis assis. Il me répondit en souriant parce qu’il sait que cela me troublerait, que c’est la chaise sur laquelle venait s’asseoir Victor HUGO quand il venait dans ce restaurant et qu’il n’est pas autorisé à l’occuper à moins de circonstance exceptionnelle mais l’a fait pour m’honorer et surtout m’encourager à écrire, à publier, à défendre la culture des peuples.

Ces dernières années (je suis à près de 50 livres dont 16 de poésie sans compter les formes à caractère poétiques de langage du milieu), plusieurs académiciens m’ont demandé s’il n’était pas opportun que je frappe à la porte de cette institution à laquelle j’avais été déjà présenté avec un bon accueil en 1983 ; il y a donc de cela 26 ans. C’est ainsi que ma candidature a été soumise aux délibérants au plus haut sommet de l’Académie et à l’unanimité cette candidature était agréée et je devenais ainsi membre. Je leur rends à tous hommage pour cette considération à l’endroit de ma modeste personne. Hommage à celui que je peux appeler père pour moi, et guide dans la vie, de la plume littéraire et dans la défense des cultures, le Pr. Robert CORNEVIN. Gratitude également à M. le président de l’Académie des sciences d’outre-mer, à tout le bureau, à tous les présidents de section, à tous les membres de l’Académie. Je m’engage pour l’honneur de mon pays et la dictée à moi de mes paires et de mes ancêtres à lutter pour la défense des cultures de mon pays et de l’Afrique, des cultures de France et des sciences d’outre-mer.

On a l’impression que vous êtes plus connu et plus apprécié en Afrique et de l’Afrique que dans votre pays. Est-ce vrai ?

Me F.T.P : J’avoue ne pas penser souvent à la situation. Je vis surtout et curieusement sur l’avenir, pour l’avenir qui construira le présent. Sinon, pour ne pas fuir votre question, il y a un intérêt de l’extérieur sur ma personnalité et mes travaux qui souvent me bouleverse. Par exemple, pendant 8 ans, et de manière successive, un sujet, chaque année, de CAPES de Côte d’Ivoire est tombé sur Me PACERE. Il ne se passe pas de semaine sans que je ne reçoive, même à Arucha où j’étais pendant des années, d’appels téléphoniques de tous les points du globe pour interview, etc. Il y a même des ouvrages consacrés à Me PACERE, des dizaines de mémoires et thèses de recherches sur Me PACERE ou des travaux de Me PACERE. C’est tout cela qui m’incite au travail, surtout en matière de culture qui intéresse l’opinion pour une meilleure connaissance de nos peuples. Au pays, je crois surtout que l’intérêt est hautement manifesté sur mes travaux par le milieu rural et les anciens de nos cultures. Je reçois souvent, du moins quand j’étais plus fréquent au pays, des vieillards à dos d’âne qui viennent échanger avec moi sur les éléments de connaissance de la culture. Mais, objectivement, à y regarder de près, les 80% des achats portants sur mes travaux sont faits à l’extérieur.

Nul n’est prophète chez soi, dit-on. Peut-être vous concernant il peut y avoir l’excuse que depuis une dizaine d’années, vous ne travaillez plus au pays et que vous n’êtes pas disponible pour le pays. A preuve, que devient l’émission qui semblait être très prisée dans l’opinion publique « Temps passé temps présent » dans laquelle et par laquelle vous parlez beaucoup de culture ?

Me F.T.P : Ma vie n’est toujours pas connue du public et moi-même, on me reproche d’être secret. Pour cette émission qui était très appréciée dans l’opinion, si elle n’a plus cours, c’est vrai qu’on a entendu que c’est pour des raisons de disponibilité et de calendrier de ma part, la vrai raison est ailleurs, terrible et triste. Pratiquement, les émissions que j’accordais dans ce domaine et à thèmes variés (l’hospitalité, Dimdolomsom, le langage des tam-tams…) portaient pratiquement et pour diffusion pour trois heures d’enregistrement. Pour les dernières émissions, en attente avec la télévision et les populations de Manéga, nous avons attendu le jour de l’enregistrement de 9h à 21h, avec des participants et accompagnateurs souvent déplacés du Bazèga. L’équipe d’enregistrement n’est pas venue. Cela fut reporté, et nous avons attendu au jour indiqué, en vain. J’ai appris qu’une personnalité a interdit la TNB d’enregistrer les émissions de culture avec Me PACERE et d’en diffuser. Pour ce qui est de la diffusion, j’avais, avec cette même équipe de la TNB, à la place Mogho Naaba Koom (Place de la gare ferroviaire à Ouaga), enregistré une émission portant sur cent années des travailleurs migrants du Burkina Faso. Cette émission repose sur un travail qui m’a été demandé par l’UNESCO du fait de l’importance dans l’histoire des migrations des travailleurs du Burkina Faso. L’UNESCO, impressionné par ce travail, l’a édité aux éditions KHARTALA de Paris. Il a été enregistré deux émissions. Ces deux émissions ont été interdites, de diffusion par cette même personnalité. C’est pour cela que depuis, non seulement cette émission est arrêtée, mais que je n’ai plus rien fait au niveau culturel sur les antennes de notre télévision. Vous avez dit nul n’est prophète dans son pays, vous avez raison. Je regretterai seulement, même quand je ne serai plus là, que nos enfants soient contraints d’aller ailleurs en Afrique et un peu partout dans le monde pour rechercher des travaux, écrits, interview, sur des cultures burkinabè pour lesquelles chaque Burkinabè interpellé avait le devoir de livrer ses connaissances même discutables qui pourraient servir de base à la réflexion et à la meilleure saisine de notre histoire.

Me concernant, et les journalistes le savent, les enseignants et les étudiants le savent, si tant est que je suis au pays, je suis toujours disposé à répondre à toute attente, aux sollicitations, de jour comme de nuit, de jours ouvrables ou les week-ends. Je ne sais pas en particulier (j’ai 66 ans) si dans un an ou dans deux ans, j’aurais la même force au maîtrise intellectuelle de mes pensées pour répondre de manière propre de questionnement de l’opinion, aux connaissances du peuple. Il faut toujours aller vite. La vie est éphémère. Après mes émissions sur Dimdolomsom, j’avais ciblé des sujets portant sur des chefs de terre (Teng-Soaba des Yionyionsé), des cultures profondes de ces peuples antérieurs aux mossés. Des maîtres de la parole qui devaient être avec moi, dans l’émission sont aujourd’hui morts. J’ai voulu inviter à l’émission des patriarches détenteurs de connaissances des plus rapprochées d’acteurs du monde de la résistance à partir de Kouda où était le quartier général du Mogho Naaba Wobgo qui tentait en 1886 de délivrer Ouagadougou alors envahi par les colons VOULEY et CHANOINE. Les enregistrements que j’avais envisagés n’ont pas pu se faire, mais de retour ces derniers temps au pays, certains atteints par l’âge ont disparus. Une illustration de la précarité des grands témoins de l’histoire qui ne doit jamais nous échapper nous inciter à ne pas traîner le pas ou jouer avec l’histoire de notre pays et sa connaissance. (Long silence, puis soupir).

Me, que se passe-t-il ? Êtes-vous triste ou êtes vous devenu triste ?

Me F.T.P : Quand je pense à la mort quelque peu programmée de nos cultures, souvent avec notre propre complicité, il est certain que la tristesse ne peut pas ne pas être au rendez-vous. Contrairement à ce que nous pensons, les pays qui se sont développés et qui avaient une culture n’ont pas écarté cette culture des mécanismes de leur développement. La Chine fait parler beaucoup d’elle ces derniers temps et fera parler d’elle au cours des années à venir. Le plus grand évènement sportif s’est déroulé en Chine le 8 août 2008. Les chinois, eux, vénèrent le chiffre 8. A preuve, les Jeux olympiques ont été ouverts le 8 août 2008 à 20 h 08. C’est-à-dire la 8e année, le 8e mois de l’année, le 8e jour du mois, à 8h de la nuit, à 8 minutes. C’est-à-dire que la Chine a fait déplacer les plus grands chefs d’Etat, les plus grands athlètes des plus grandes performances de l’humanité sur les indications de leur culture. Il faut savoir que ce même jour, les 8 communes de Pékin ont battu tous les recors de mariages. De même, toutes les maternités ont battu les records de naissances. Non pas que seule la nature s’était exprimée mais on a obligé par toute forme de mécanisme et de déchirement pour faire sortir des enfants qui estimaient qu’ils n’étaient pas assez vieux pour sortir. Il faut savoir que les Grecs avaient leur chiffre fétiche, et y croyaient, c’est le chiffre 1618 connu sous le nom de nombre d’or. Les mossés, quant à eux, avaient aussi et continuent de fétichiser un chiffre. C’est le chiffre 333.

On a dit dans le temps, qu’il y avait 333 autels sacrés dans le Mogho. Mais, en dehors de cela, il faut savoir qu’il y a 333 organes du pouvoir nommés à la cour impériale du Mogho Naaba de Ouagadougou. Il s’agit de 330 chefs administratifs politiques de commandement à divers degrés nommés sur le grand Samandin (cour extérieure) du palais du Mogho, et (3) trois grands serviteurs (Songue Nkasse Monse). Parmi ces 330 titulaires de pouvoir, il y a les dignitaires qu’on peut appeler ministres d’Etat (Koug-Ziidiba), les Kombeem Ba ou chef de canton, des chefs de villages particuliers de tutelle directe du Mogho Naaba. Là, on comprend ma tristesse, mon inquiétude. J’ai l’impression en parcourant l’Afrique et mon pays, que nous n’avons pas trop foi en notre culture pour l’exploiter à la construction de notre temps comme certains peuples le font. Pour beaucoup d’Africains, la culture, c’est du passéisme. Elle ne répond à aucune science tangible, qu’il faut la dépasser, qu’il faut la méconnaître, et même qu’il faut la combattre au profit d’autres cultures somme toute de pays développés donc meilleures.

L’Afrique, c’est le berceau de l’humanité, elle ne peut pas n’avoir rien inventé, elle ne peut pas ne pas permettre d’inventer. Mais, sa place dans le cheminement des hommes ne peut être que de la dictée de ses fils. En nous ramenant à ma modeste échelle, mes œuvres de 1976 publiées étaient déjà enseignées en 1977 à l’Université de Oklahoma aux Etats-Unis. J’ai prononcé, depuis 1973 à ce jour, environ 500 conférences dont au moins le tiers sur la culture africaine et cela à 90% à l’extérieur de mon pays et à la demande de ces pays extérieurs surtout hors du continent. Cela me donne deux impressions. C’est que contrairement à ce que l’Afrique pense le monde extérieur a foi en la culture africaine, veut mieux la comprendre pour mieux l’exploiter. Le déséquilibre des quêtes relativement de conférences prononcées laisse aussi supposer que l’intérieur ne semble pas accorder l’importance qui sied pour la recherche à la culture africaine et à nos cultures internes.

Me PACERE, l’opinion nationale a appris que le 9 août 2009 dernier, vous avez été intronisé prince des Baoulés. Quel en est l’origine ?

Me F.T.P : L’origine est en fait complexe et profonde. Il y a évidemment, mes travaux, surtout ceux, portant sur le langage des tam-tams. Mes premiers travaux sur le langage des tam-tams, que j’ai désigné par Bendrologie ou science du langage tambourinaire ont été publiés en 1984. Il s’est fait qu’en Côte d’Ivoire un professeur émérite, Nignagora BOA, avait travaillé et travaillait sur le même domaine mais lui sur les tam-tams Akan et moi sur les tam-tams du Mogho. Sa science, il l’avait appelé la Drumologie ; j’avais été invité en 1986 par la TV ivoirienne à exposer mes théories de ce langage. C’est là qu’on a diffusé mes travaux sur la matière et qu’on m’apprenait qu’un prof de l’université d’Abidjan travaille sur la même matière mais de son peuple. Nous avons eu à nous connaître, mais aussi et je le confesse à nous affronter aussi bien sur les antennes des radios de CI et du BF où il s’est déplacé.

Nous l’avons fait dans la loyauté et dans la perspective de la défense, pleine, entière et sans compromis de la culture africaine. On a voulu nous opposer, nous avons transcendé cela. Je lui ai rendu visite en Côte d’Ivoire quand il était malade. Il m’a rendu visite à Ouagadougou, quand j’étais malade. Nous étions devenus les meilleurs amis du monde et il m’accueillait chaque fois par les tambours parleurs Akan exécutés par ses étudiants chaque fois que je lui rendais visite à l’unité de musicologie à l’institut des arts de Côte d’Ivoire à Abidjan. Malheureusement, il s’est éteint et paix à son âme. Pour beaucoup de ses adeptes et amoureux de la culture des Akan plus précisément des Baoulés, le survivant que je suis de ce qu’il était convenu d’appeler les deux maîtres du langage tambourinaire doit défendre pleinement et totalement la culture ne ce reste que tambourinée des Akan (Côte d’Ivoire) et du Mogho (Burkina Faso), défendre toutes les cultures des deux pays et de l’Afrique qu’animent les fibres de ces deux êtres. Je me suis retrouvé ainsi, fils culturel des Baoulés, par mes liens de travaux avec le professeur Nignagora.

Au point de vue générale de mes relations avec les coutumiers de Côte d’Ivoire pendant les durs moments de la crise ivoirienne, alors qu’on ne pouvait pas oser le croire et le faire, j’ai été invité à Tiessalé en 2003 pour présider un colloque qui a rassemblé plus de 50 rois et chefs de CI ainsi que des universités de la CI, du Ghana, du Nigeria, du Bénin. Le thème était : « Royauté, chefferie, traditionnelle et nouvelle gouvernance : Problématique d’une philosophie pour l’Afrique politique ». L’idée qui sous-tendait cela était qu’elle pouvait être la contribution de la chefferie coutumière plus précisément de la gouvernance de la tradition pour la quête de la paix. Le thème avait trait à l’actualité brûlante que vivait la Côte d’Ivoire.

On comprend la considération que les universitaires de ce pays, qui enseignent depuis 1997 mes ouvrages, et les chefs coutumiers ont depuis à l’endroit de ma personne. J’avoue que je ne m’y attendais pas, et ce fut l’une des plus grandes surprises de ma vie. A la fin des échanges rituels et des discours, on a annoncé à l’assistance que la reine Abla Pokou II allait élever Me Titinga PACERE à la dignité de prince de la cour royale des Baoulé-Akan. Comme je l’ai dit, j’étais surpris. Et j’avoue que mes comportements n’étaient plus d’assurances. Il y avait beaucoup de hautes personnalités avec souvent même rang de ministres de la Côte d’Ivoire. Sans compter la foule nombreuse composée de ressortissants de pays limitrophes dont le Burkina Faso et lointains. Le rituel fut des plus hauts en couleurs et en honneur des cultures africaines. Tout au long du rituel, il me sera remis les insignes de dignité desquels il est retenu un objet d’art une couronne, un long pendentif, une bague stylisée, une chaîne et un bracelet stylisé, une épaisse lourde et grande couverture de marque de la civilisation des Akan. Une paire de chaussures de haut dignitaires. Un trône royal (chaise royale de luxe) qui j’ai même pu amener au Burkina Faso. J’avoue que j’avais des vertiges devant une telle élévation surtout devant une cour aussi majestueuse de l’Afrique qui ne relève pas de mon groupe.

Avant vous, le président Blaise COMPAORE a été élevé à la dignité de roi par les chefs et rois de Côte d’Ivoire, de même que sa Majesté le Mogho. Que peuvent signifier-pour vous de tels événements ? Une distinction de chefferie coutumière au Mogho à une personne qui n’est pas de ce groupe est-elle possible ?

Me FTP : En fait, nos sociétés africaines n’apparaissaient fermées en coutume qu’en regard des institutions. Mais ces sociétés se connaissaient, se fréquentaient, s’appréciaient mutuellement. Elles n’étaient pas hermétiquement à interdire toutes possibilités de contacts à l’échelon inter individuel et de considérations réciproques en la matière. En regard de valeurs objectives reconnues, il pouvait être même donné au Mogho, surtout de notre époque avec l’ouverture que crée le temps, la possibilité d’attribuer une dignité de cour à une personne qui peut ne pas relever de la région et du groupe. Ainsi et à titre d’illustration, SEM le Larlé Naaba Tigré a reconnu et attribué une dignité coutumière à un européen, lequel a reçu la dignité de Manegr Naaba, c’est-à-dire dignitaire de la construction, de l’édification du peuple. Il s’agit d’une personnalité qui s’est intégrée par sa vie, son dévouement à la cause d’un milieu social. Sous réserve des différentes cordialités de cette personnalité dans le cadre de la construction au peuple, il m’a été dit que l’intéressé s’est même construit une case pour y résider. Les distinctions du genre peuvent ne pas être possibles dans certains groupes ethniques. Mais dans nos régions, l’exclusion absolue est rare. Il ne s’agit pas d’attribution d’activité ; cela n’est pas souvent possible du fait que la personne n’est pas résidente et pourrait paralyser le fonctionnement de l’institution.

C’est une distinction simplement honorifique qui traduit que le peuple concerné entend reconnaître, honorer les travaux de la personne récipiendaire et l’encourage à poursuivre parce que cela va dans l’intérêt des hommes et des collectivités. Cela aussi crée des liens et des actions positives de vases communicants entre la société qui honore et la personnalité qui est honorée. Cela brise des frontières, crée, engendre, la fraternité entre les peuples et les hommes. Une telle distinction reconnue à Me PACERE par exemple lui indique un devoir de connaître davantage les cultures du Mogho et la culture Baoulé et les cultures burkinabè et les cultures ivoiriennes. En un mot, il s’induit en devoir de défendre, les valeurs les cultures de l’Afrique. Pour les différentes distinctions dont vous avez fait état par la CI, elles ont concerné au plus haut degré l’autorité politique, coutumière et une personnalité dite de la culture ; c’est une marque de faire des deux pays un même cœur à battre au rythme de la cordialité de la fraternité de l’amitié.

Me, en un sens vous êtes également Baoulé, avez-vous quelque élément d’histoire des Baoulés dont vous êtes un digne prince ?

Me F.T.P : Je viens d’être nommé de nature, je dois et sans délais assurer ma fonction de défense de la culture Baoulé et partant ivoirienne outre celle de mon pays et de l’Afrique. J’ai certainement beaucoup à apprendre mais de ce qui m’a été déjà dit, l’origine des Baoulé remontent à la reine Abla Pokou. (La reine actuelle qui m’a distingué est Abla Pokou II) et cela m’honore encore. Abla Pokou était la nièce d’un roi Ashanti de la région de l’actuel Ghana, le roi Ossei-Toutou. Sa résidence était Koumassi. Dans ce groupe de l’époque, le trône se transmettant par les femmes, c’était la sœur ou la nièce du roi et non pas son épouse qui devait enfanter l’héritier mâle. Le prince, une fois au trône, partageait le pouvoir avec sa mère, mère qui devenait de fait la reine mère. Désignée par un grand prêtre des traditions, Abla Pokou avait vécu dans cette conception du pouvoir. Cependant, des intrigues interviennent et même des guerres civiles dans le royaume. Un certain Kussi arriva à usurper le trône d’or du royaume Akan et s’y installa. Abla Pokou dut s’enfuir vers l’Ouest avec son fils lequel était l’héritier légitime du trône.

Pendant des mois dans sa traversée, elle connut toutes sortes de difficultés, la maladie, les fauves. Elle se retrouva un jour devant un fleuve, c’était le fleuve Comoé. L’usurpateur Kussi avait envoyé à sa recherche pour les tuer, elle et son enfant. Arrivé au bord du fleuve, il n’y avait aucune possibilité de traverser, elle s’aperçut comble de malheur, que les soldats de Kussi les avaient repérés et s’approchaient. Dans le groupe de la reine et de son fils, il y avait des devins. Ceux-ci furent consultés, l’oracle était terrible, le fleuve réclame un sacrifice qui permettrait une possibilité de traverser. Il fut proposé des animaux et cela fut refusé. Puis de captifs, puis même des enfants et les génies du fleuve rejetèrent tout.

Le fleuve voulait du prince. Pour sauver la famille, la société qui se déplaçait, Abla Pokou prit son fils, de trésor, le couvre d’or, et le précipite dans le fleuve. Subitement, un immense fromager se place en travers du fleuve et le couvre faisant ainsi un pont entre les deux rives. Mystère aussi de l’histoire, des hippopotames et les crocodiles du fleuve vinrent et constituèrent une large carapace faisant un large pont et Abla Pokou et sa famille traversa sans encombre. Dès que le dernier fut de l’autre côté du fleuve, l’arbre se relèvera subitement et tous les animaux aquatiques disparurent. Les poursuivants furent ainsi bloqués à leurs berges. Abla Pokou s’écria « l’enfant est mort » (BA-OU-LE). Baoulé sera le nom que prendra le nom que prendra le royaume qui sera constitué par et autour de Abla Pokou. Peuple qui continue à rendre hommage et gloire à sa reine qui fut capable du plus haut sacrifice, le sacrifice de son fils unique pour sauver tout le reste de la communauté.

Abla Pokou, de maints coutumiers et historiens, qui s’est éteinte en 1760 restera marquée certes par le chagrin innommable dû à la perte de son fils, mais auréolée de toute l’histoire de ce périple, de ce courage sans lequel don hélas du fils, devait être décimé.

La reine Pokou comme la princesse Yennega et comme aussi la reine de Saaba (Ethiopie), la reine Nzinga (Angola), la reine Ranavalona III (Madagascar), Sarraoui Nia (Niger) et bien d’autres sont des symboles de courage, de luttes intrépides, de sacrifices, pour l’honneur, l’histoire et la grandeur de l’Afrique



25/11/2009

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