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Mariam Doumbia, chanteuse malienne

Elle a perdu la vue à l’âge de 5 ans. Ce handicap n’entachera en rien sa volonté d’être une musicienne de renommée internationale. Sa douce voix adoucie les cœurs de ses fans. Issue d’une famille assez aisée, elle pouvait tout ou presque tout s’octroyer sauf la vue. Mariam Bagayoko, épouse Douambia est notre interlocutrice du jour. Nous l’avons rencontrée lors de leur concert à Bobo-Dioulasso.

 

 

Mère de trois enfants (un chanteur, une journaliste, un manager), Mariam est une femme comme toutes les autres. Son handicap ne l’a jamais empêchée de bien faire ce qu’elle veut. Mariée à Amadou Bagayogo, tous les deux aveugles, ils ont formé un couple complice depuis plus de 35 ans maintenant. Petite, elle était une fille très courageuse. « J’aimais beaucoup écouter la radio de mon père. Car j’aimais la musique », dit-elle. A six ans, sa voix ne laissait déjà personne indifférente.

 

Les voisines du quartier l’invitaient pour chanter lors des cérémonies de mariages, baptêmes. En 1973, elle a été admise à l’Institut des aveugles de Bamako pour apprendre le braille (écriture pour aveugle). En plus des cours pédagogiques, elle apprenait le chant et la danse aux autres élèves. « J’étais la plus âgée », s’est-elle souvenue. Après sa rencontre avec Amadou (1975), ils décidèrent de partir à Abidjan en Côte d’Ivoire pour réaliser leur projet d’enregistrement d’album (1980). « Il n’y avait pas encore de studio d’enregistrement au Mali. Nous avons beaucoup tourné et les gens aimaient notre musique », fait-elle remarquer.

 

Deux spectateurs au concert


A Abidjan où le couple a joué pour la première fois à Treichville, il n’y a eu que deux spectateurs dans la salle. « Très dure et amère, cette pilule », dit-elle. Elle ajoute que ; « Nous avons été très déçus. Pire, ce jour, nous avons perdu notre seule guitare ». Mais il fallait continuer la bataille. Une radio leur accorda une interview. Ils seront écoutés par un manager qui n’a pas hésité un instant à accompagner le couple. De répétition en répétition sortira un album qui va, confie Mariam, s’acheter comme de petits pains. En 1989.

 

Mariam et les enfants !


« Les enfants occupent une place importante. De nos jours, on ne peut empêcher les enfants de faire ce qu’ils veulent. Mon garçon a voulu suivre les traces de papa et maman dans un autre genre musical, le rap. Aujourd’hui il s’en sort très bien. Ils ont formé un groupe de trois personnes », confie-t-elle. Ils tournent beaucoup en Europe, aux Etats-Unis, en Afrique…pour donner des concerts. Femme battante, Mariam malgré son handicap, joue pleinement son rôle de femme au foyer. « Je lave mes habits, ainsi que ceux de mon époux. Je m’occupais de mes enfants. Je faisais la cuisine.

 

Il fallait juste quelqu’un pour m’aider à mesurer la quantité de lait pour le biberon. J’amenais moi-même mes enfants à l’hôpital. Et puis, je suis toujours aux p’tits soins d’Amadou. Je lui fais de bons plats », a-t-elle dit, souriante. Pour elle, la communication reste la seule arme de consolidation d’un foyer. Elle ne fait rien sans en avoir parlé à son époux. Elle loue à sa juste valeur le courage des femmes.

 

Députés, maires, ministres, entrepreneurs, elles le sont aujourd’hui sans aucun préjugé. Mais, dit-elle : « Je trouve que les filles de nos jours ne travaillent pas assez. Elles sont paresseuses. Même leurs habits, elles les donnent à des bonnes pour les laver ». Comment apprécie-t-elle la situation qui prévaut dans son pays ? C’est avec consternation qu’elle répond. « Le Mali est gâté. Le viol des femmes, les amputations, la charia…voici ce qu’est devenu le Mali. J’en suis véritablement écœurée », dit-elle. C’est pourquoi, elle dit approuvée l’opération Serval et la Misma qui permettront au Mali de retrouver la paix. « Il faut s’armer de courage pour soulever des montagnes. Et seul le travail paye », tels sont les conseils de Mariam à toute personne qui voudrait faire carrière dans la musique.

 

Bassératou KINDO

Source: L’Express du Faso



24/01/2013
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