L'Art Plastique: les artisans à rude épreuve
Hamidou DERRA est un artisan résidant à Dori dans la province du Sahel. Il est passionné du travail du cuir, travail qu'il a d'ailleurs hérité de ses parents. Ce travail , selon l'artiste ne nourrit plus son homme comme il l'était il y a 10 ou 15 ans. Le tourisme qui était le principal facteur d'attraction et qui draînait du monde au Sahel a beaucoup chuté; aujourd'hui, plus rien n'attire les touristes au Sahel. Le Salon International de l'Artisanat de Ouagadougou (SIAO) sensé contribuer à la promotion des artisans, est devenu aussi depuis quelques années inaccessible aux petits artisans. Et pourtanrt... Hamidou DERRA et bien d'autres artisans ne manquent pas d'initiatives encore moins de talents . L'Etat les a-t-il oubliés ? Que faire pour sauver toutes ces petites entreprises comme celle d'Hamidou DERRA qui ne vit que du travail du Cuir pour nourrir et vêtir sa famille, scolariser ses enfants ? Dans cet écrit, notre invité tente une esquisse de solution.
Je n'ai pas eu la chance d'aller à l'école mais je parle un peu français. Je sais un peu lire, envoyer des messages et bien d'autres petites choses. Le travail que je fais est un héritage reçu de mes parents; c'est le travail du Cuir. Chez nous, dès que l'enfant est en âge d'apprendre, on commence à l'initier à ce métier. S'il est déjà scolarisé, nous attendons les vacances pour le faire. C'est grâce à ce métier que nous arrivons à nous soigner, à scolariser nos enfants, à nous vêtir, à nous nourrir et à subvenir à certains de nos besoins.
Cependant, beaucoup de choses ont changé. Avant, grâce au tourisme, ce métier nous rapportait beaucoup en termes de devises. De nos jours, les potentialités touristiques n'attirent plus grand monde au Sahel. Certains même achetaient nos produits pour les revendre en France ; ce qui fait qu'à chaque saison touristique, on gagnait beaucoup d'argent. Aussi, à chaque édition du SIAO, nous étions présents; mais depuis quelques années, on ne vend maintenant qu'aux locaux. Comme on aime le dire, on travaille juste pour survivre.
Parlez-nous de votre travail ?
D'abord, nous utilisons les peaux de bêtes, particulièrement, la peau de mouton que nous achetons déjà tannée. Si c'est la peau de bœuf, nous l'achetons à l'abattoir puis nous la travaillons traditionnellement. Pour embellir nos produits, nous ajoutons des colorants.
Quelle garantie donnez-vous pour la teinture ?
Nos produits ne se déteignent pas car tous les colorants que nous utilisons sont naturels exception faite de la couleur verte.
Comment peut-on vous aider à valoriser et à améliorer votre travail ?
Sans exagérer on peut dire que l'Etat ne s'occupe pas trop des artisans, particulièrement les artisans du Sahel; nous n'avons pas de soutien dans ce domaine. C'est vrai que la région regorge de nombreux projets qui s'implantent tous les jours que Dieu fait. Malheureusement, aucun des projets n'intervient dans le domaine de l'artisanat. Il n'y a pas de soutien pour la promotion de notre savoir-faire, ni de formation ni de facilité de crédits.
Quelles propositions faites –vous ?
Nous souhaiterons qu'on nous facilite l'accès aux crédits, que le ministère en charge de l'artisanat crée des cadre de promotion, qu'on organise les foires régionales car le SIAO n'est plus pour les petits artisans; il est réservé aux grands industriels. Les places les moins chers au SIAO sont de l'ordre de 300.000 frs CFA sans oublier le déplacement, l'hébergement, la restauration et autres. Lorsqu'on fait un petit calcul, c'est insupportable pour les artisans locaux que nous sommes.
Je demande aux ministres en charge de l'artisanat d'organiser une formation au profit des artisans et une foire régionale pour valoriser notre travail et lui donner plus de visibilité.
Quel est votre dernier mot ?
C'est un message que j'adresse à Monsieur le Ministre de la culture et du Tourisme. Etant donné qu'il est natif de la région, je le prie d'organiser une rencontre avec les artisans du Sahel afin que chacun puisse exprimer ses difficultés et qu'ensemble, avec son appui, on trouve des solutions. Ce message, comme je le dis est particulièrement adressé à Monsieur le Ministre de la culture du Tourisme, Mr Baba HAMA.
Source: L'Artiste.bf
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