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1/02/2010. BURKINA - GHANA (La saga d’une famille à deux nationalités)

Hamelé est une localité située à la charnière entre le Burkina Faso et le Ghana. Dans cette zone, habitent des Dagara, des Sissala et des Mossé. Jadis un seul village, la frontière artificielle héritée de la colonisation, a divisé des familles entre deux nations : le Burkina Faso et le Ghana. Des frères de mêmes parents partagent désormais deux nationalités.

Il était 15 h 30 mn, ce samedi 19 décembre 2009, lorsque la délégation conduite par le gouverneur de la région du Sud-Ouest, Pascal Komyaba Sawadogo, qui visitait les sites dans le cadre du cinquantenaire de l’école de Ouessa, s’arrêta à la frontière entre le Burkina Faso et le Ghana dans la localité de Hamélé. Un bas-fond sert de frontière naturelle entre les deux pays et divise Hamelé en deux. Juste au Sud, une petite muraille sur laquelle ont peut lire "Welcome to Ghana" indique l’entrée au pays de Kwamé N’Krumah.

Cette localité de Hamélé est habitée, à en croire le maire de la commune rurale de Ouessa, dont fait partie Hamélé, Mutan Hien, par des Dagara, des Sissala et des Mossé. Jadis un seul village dans lequel vivait un seul peuple, les colons sont venus séparer des frères et sœurs de même sang entre deux nations : Hamélé Sud sur le territoire ghanéen et Hamelé Nord, dans la partie burkinabè.

Dans une même famille, on trouve aussi bien des Ghanéens et des Burkinabè. C’est le cas de la famille Méda, située dans Hamelé Sud qui constitue un melting-pot. Originaire de Ouessa voisin, cette famille a été contrainte par la colonisation à migrer sur le territoire ghanéen.

Des six enfants de la famille, issus des mêmes parents, deux sont Burkinabè et quatre sont Ghanéens. Mme Catherine Méda, mère de la famille, forte de ses 92 ans, se rappelle toujours avec amertume ce qui a été la cause de la division de la famille en deux nationalités : "C’est pour fuir les travaux forcés de la colonisation française que la famille s’est installée à Hamelé qui a, par la suite, été divisé entre les deux nations", a indiqué Mme Méda. Son mari, Anselme Bemilé Poda choisit de servir dans l’Eglise en tant que catéchiste. Paul Bemilé Méda né en 1939 a été le premier enfant du couple (dans la société traditionnelle dagara, l’enfant prend le nom de sa mère).

Il fit ses études primaires et secondaires au Ghana et prit la nationalité ghanéenne. Après le Bac, il suivit une formation de sept ans en théologie à Rome puis un troisième cycle option lliturgie en Allemagne où il a été étudiant du Pape Benoît XVI. Paul Méda deviendra par la suite évêque du diocèse de Wa au Ghana. Suite à des incompréhensions avec l’Eglise, le mari de Cathérine Méda, Amselbme Bemilé Poda démissionne du catéchisme et décide de repartir à Ouessa en 1975.

"Nous avons voulu mettre l’accent sur l’éducation de nos enfants. C’est pourquoi mon mari a suggéré qu’on reparte à Ouessa parce qu’il n’y avait pas suffisamment de terres cultivables à Hamélé pour les occuper", a martelé Mme Catherine Méda. C’est à Ouessa que sont nés Yacinthe et Stanislas Méda qui recevront eux, la nationalité burkinabè.

Titulaires respectivement d’un DESS et d’un Doctorat en journalisme, (Mme Sanou) Yacinthe Méda et Stanislas Méda sont actuellement des cadres de la Fonction publique burkinabè. Mme Yacinthe Sanou/Méda est directrice régionale de la communication des Hauts-Bassins et son frère cadet, Stanislas Méda directeur de cabinet du ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication.

En 1970, l’évêque de Wa, Paul Bemilé Méda va user de son droit d’aînesse pour obtenir le retour de son père, Amselme Bemilé Poda à Hamélé où ses frères cadets Sébastien, Martin et Etienne Bemilé Méda ont vu le jour et pris la nationalité ghanéenne. A sa mort en 1999, Amselme Poda bien que burkinabè sera enterré au Ghana. Stanislas Méda a vécu à son enfance avec amertume cette division d’identité dans la famille.

"Les premiers moments étaient pour moi un choc d’avoir des frères ghanéens", a indiqué M. Stanislas Méda. Pour madame Yacinthe Sanou/Méda, traverser la frontière à tout moment pour rejoindre sa famille au Ghana lui cause parfois des difficultés avec la police ghanéenne.

Mais grâce à l’evêque, Paul Bemilé Méda, ces problèmes sont devenus moins fréquents. A en croire Mme Sanou, le nom de l’évêque est devenu un mot de passe à la frontière pour beaucoup de Burkinabè. Cette division de la famille est maintenant perçue par Stanislas Méda comme un atout et une richesse culturelle.

La famille constitue selon lui, un melting-pot, un exemple d’intégration à petite échelle. "La famille est très soudée avec des intérêts communs. Quand il y a des manifestations dans la famille, c’est deux peuples qui se retrouvent et la famille constitue un lien de ralliement", a indiqué Stanislas Méda.

Toutefois, cette famille est loin d’oublier ses sources. Presque toutes les manifestations à l’église de Ouessa sont officiées par l’évêque de Wa, Paul Bemilé Méda. "Ouessa constitue pour moi un lieu de ressourcement. C’est là-bas que je suis né et ce lieu est pour moi tout un symbole", a indiqué Stanislas Méda avec noslagie.



01/02/2010

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