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Le carrefour des arts

Du 1er au 30 novembre, la ville de Ouagadougou accueille la deuxième édition du Carrefour des Arts ; une initiative de l’Institut Français et du Goethe Institut, placée sous le parrainage de Sa Majesté le Mogho Naaba Baongo. Hier, certains artistes participants au projet ont présenté leurs œuvres à la presse.

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Pendant une dizaine de jours encore, les Ouagalais pourront admirer le travail de plusieurs artistes qui, par une réappropriation de certains lieux emblématiques de la ville et de matériaux du quotidien (sachets en plastiques, bouteilles d’eau...), ont créé des œuvres qui se veulent accessibles et ludiques. En tout, cinq œuvres monumentales ont été réalisées pour ce projet qui, même s’il en est encore à ses premiers balbutiements, impressionne par sa qualité et son originalité.

 

Mise en scène du quotidien

Le Carrefour des Arts permet aux artistes d’exprimer leur créativité dans l’espace public. Vues par tous, certaines œuvres mettent en scène le quotidien des Burkinabè – et souvent des plus modestes d’entre eux. Près du rond-point des Nations-Unies, La douche qui ose de l’artiste togolais Koffi Mensah, représente une femme qui se lave à l’aide d’un arrosoir aux yeux de tous. Installée à proximité de certains quartiers pauvres de la ville, cette œuvre illustre bien le manque d’intimité dont pâtissent les plus indigents.

 

Hyacynthe Ouattara a voulu, quant à lui, donner une idée de son « train-train quotidien » à Accra – où il a passé un an – par une installation sonore située non loin du palais du Mogho Naaba, diffuser des bandes enregistrées au dictaphone en plein cœur de la capitale Ghanéenne. Bruits de moteur, klaxons, palabres indistincts se confondent alors dans un indicible fracas qu’il qualifie lui-même de « pollution sonore ». Un concept que les habitants de « Ouaga-deux-roues » connaissent bien.

 

« Éveiller les consciences »

Au-delà des enjeux purement esthétique, les œuvres du Carrefour des Arts questionnent, problématisent, critiquent et dénoncent parfois des sujets liés au quotidien de tous les Ouagalais. Ainsi, l’Hommage à la bataille du rail, situé sur le rond-point du même nom, met en scène des personnages faits de bouteilles en plastiques, qui s’activent à poser des rails, rappelant ainsi cet épisode marquant de l’histoire burkinabè. Imaginé par Puitba Ouédraogo et Adama Nebié, cette œuvre se présente comme un « éloge du collectif et de la rigueur dans le travail ». Interrogés sur la présence de capsules de bières, collées un peu partout sur les personnages, les deux artistes expliqueront qu’ils ont voulu « éveiller les consciences » à propos du nombre « excessif » de maquis dans la ville.

 

On retrouve ce tropisme engagé et didactique dans l’oeuvre de Marto, située non loin de la cathédrale. Ce franco-burkinabè installé à Ouaga s’est entouré d’artisans locaux afin de réaliser un mouton géant fait de sciures de bois et de colle. Partout sur l’animal, sont inscrits des logos de marques connues, parfois mal orthographiés ou dessinés, afin de rappeler le grand nombre de produits d’imitation asiatiques dont sont submergés les Burkinabè. Surabondance des marques, « moutonisation de la société », critique du capitalisme ; le travail de Marto – qui pourrait illustrer les livres de Christopher Lasch – encourage à l’autocritique.

 

Source: Lefaso.net



21/11/2013
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