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JOACHIM BAKY promoteur du groupe Edifice

Joachim Baky, promoteur du groupe Edifice : « Je suis à mi chemin entre l’intellectuel et l’analphabète »

Deux panneaux vendus et deux autres rachetés et c’est parti. Voilà comment fut le démarrage du puissant groupe Edifice dont le chiffre d’affaires s’évalue aujourd’hui en termes de milliards. Dans un « pays de poussière » comme disent certains voisins du Burkina, c’était une aventure très si non trop osée. Joachim Baky a eu le courage d’entreprendre dans un domaine qui n’était pas bien implanté en Afrique de l’Ouest et l’histoire lui donne raison d’avoir pris ce risque.

L’agence conseil Edifice McCANN Erickson, Edi-Media, la radio Ouaga FM, une imprimerie numérique, voilà la composition du groupe Edifice que dirige Joachim Baky. Mais avant d’entreprendre, il a pris le soin de se former dans divers domaines. Titulaire d’un Bac D obtenu en Côte d’Ivoire où ses parents avaient migré, Baky fait une maîtrise en sciences économiques à l’université de Ouagadougou puis un DEA à l’université d’Abidjan. L’amour de la communication le pousse à passer le concours d’entrée au CERCOM (centre d’études et de recherche en communication) de l’université d’Abidjan. Un mois après la fin de sa formation, Baky intègre en tant que stagiaire l’environnement de la publicité en 1990. En février 1991, il est intégré comme chef de la publicité à Zama publicité. La même année, il est nommé directeur commercial. En fin 1995, il quitte la boite pour monter avec des amis l’agence Edifice.

De 1996 à 1999, la société reste une agence de Publicité. A partir de 1999, s’ouvre la radio Ouaga FM et la régie se met en place. De trois personnes au départ, le groupe Edifice emploie aujourd’hui 95 personnes. Aîné d’une grande famille aux moyens limités, Baky se devait de prendre des risques. Il a été accompagné dans cette aventure par la vie de débrouillardise qui l’a bercé. « J’ai vendu des journaux, des fers ; cela a dû guider ma vie », confie-t-il. Mais démissionner de Zama publicité et chercher à voler de ses vraies ailes sans un appui financier important, c’était un saut dans l’inconnu.

Bien qu’ayant suivi une formation d’économiste, Joachim Baky ne fonctionne pas seulement par des calculs mais surtout par le flair. Ce qui lui fait dire : « Je suis à mis chemin entre l’intellectuel et l’analphabète. Je suis quelqu’un qui regarde beaucoup l’extérieur tout en ayant les pieds au Burkina. J’essaie d’anticiper tout ce qui viendra et je prends le risque d’y aller en espérant que tôt ou tard on va y arriver car le monde a une seule dynamique ». Cette façon de voir l’a beaucoup servi dans son aventure d’entrepreneur.

Baky est aussi très croyant. Il n’explique pas sa réussite seulement par son travail mais « j’ai bénéficié surtout de la chance, de la main divine, de la protection des ancêtres si non je n’ai pas plus de mérite que les autres », reconnaît-t-il.

Cela fait 20 ans que Baky évolue dans l’univers de la publicité où on compte désormais les acteurs en termes de milliers et le chiffre d’affaires en termes de milliards. C’est un marché très dynamique et professionnel qui a beaucoup évolué. « On a les grands publicitaires de la sous-région. Le marché connait un début d’organisation », reconnaît celui qui fait office de pionnier dans ce secteur. « Le marché de la communication et de la publicité au Burkina est un métier d’avenir mais pour l’instant il manque de spécialisation », ajoute-t-il. Donc la concurrence est de plus en plus rude. Ce que Baky qualifie de bonne guerre. Pourvu qu’elle soit loyale. Ce qui n’est pas encore le cas dans notre pays. « Aujourd’hui, il y a beaucoup de marchés qui sont obtenus par le relationnel. Les tarifs sont fixés de plusieurs manières. Beaucoup d’agences travaillaient dans le noir et ne supportent pas les mêmes charges que nous. Il y a des agences qui fonctionnent de leurs chambres et de leurs salons et qui prennent des marchés à coût de millions », regrette-t-il. Heureusement que les choses commencent à changer et beaucoup d’agences commencent à s’afficher publiquement.

La plus grande fierté du promoteur de Ouaga FM, c’est bien l’effectif qu’emploie son groupe d’entreprises. « Quand vous connaissez le risque de créer une entreprise et vous constatez qu’aujourd’hui on emploie 95 personnes qui y font carrière ; c’est ma plus grande fierté », affirme-t-il l’air visiblement satisfait.

Du haut de ses 20 années d’expérience, monsieur Baky ne tarie pas de conseils à l’égard de ses jeunes frères. Les carnets d’adresses bien fournies, la formation, la patience, la rigueur et surtout la bonne moralité, voilà ce qu’il faut pour réussir dans l’environnement de la publicité. Mais, « dès qu’ils se lancent, ils cherchent à ressembler tout de suite à celui qui a 20 ans de carrière », déplore-t-il. « Il faut que chacun accepte de mettre l’échelle sur l’échelle et s’assure qu’elle est bien posée avant de commencer à monter. Malheureusement beaucoup de jeunes veulent brûler des étapes. », ajoute-t-il.

En plus de ses occupations au groupe Edifice, Joachim Baky est membre du Tocsin. Il est aussi dans l’agriculture. A 47 ans, la politique n’a pas encore de place dans son agenda « je suis un piètre politicien qui apprécie quand ça va et qui crie quand ça ne va pas », confesse-t-il. Il ne milite dans aucun parti politique mais s’intéresse à ce qui se passe dans son pays et dans les pays voisins et donne son appréciation.

Monter la holding et faire en sorte qu’elle soit une entreprise réelle digne de ce nom, c’est le rêve de Joachim Baky et ses collaborateurs. « Tant que Dieu nous donnera la force et les opportunités de se faire des chiffres d’affaires, on n’hésitera pas parce qu’on a un pays qui a besoin, à travers nos actions, de créer des emplois », confie-t-il.



24/02/2010
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