INFORMATION, CULTURE, DICTION, VALEURE MORALE AFRICAINE

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Eductour 2011




Le 29 septembre s’ouvre à Ouagadougou, la huitième édition du Salon internationale du tourisme et de l’artisanat de Ouagadougou (Sitho) sous le thème « Tourisme et développement durable », quelques mois après la crise socio-politique que le pays a traversée. Peut-être plus qu’ailleurs, le secteur du tourisme en a beaucoup souffert et cette édition devrait être l’occasion de rassurer les touristes et tous ceux qui viennent régulièrement au Burkina que les choses sont rentrés dans l’ordre. Cette année encore, un programme EducTours est organisé depuis le 25 septembre à l’intention des Tours opérateurs et de la presse afin de faire découvrir les sites touristiques du Burkina.



Après une sobre cérémonie de bienvenue animée par le secrétaire général du ministère de la Culture et du tourisme Jean Claude Dioma et le directeur général de l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB), Dramane Milllogo, l’équipe de l’Eductour forte, de 18 personnes est partie à la découverte des richesses touristiques des régions du Sud-ouest et de l’ouest. La première escale de la première journée a lieu à Bazoulé, un village situé à 37 km à l’ouest de Ouagadougou, pour « une visite de courtoisie aux crocodiles sacrés ».



Ils sont une centaine vivant pacifiquement avec la population depuis des décennies, et d’après le guide, Alphonse Kaboré, « aucun accident n’a été enregistré bien que nous recevons en moyenne 3500 visiteurs par an, composés d’étrangers, d’élèves et étudiants ». Les enfants du village peuvent ainsi se baigner aux côtés des crocodiles et mieux, quand les bêtes sentent qu’un enfant est en difficulté, ils provoquent des vagues qui le poussent vers le rivage. Un parc est aussi réservé aux tortues géantes de plus de 100 kg et une longévité de 100 ans Cette coexistence pacifique est rendue possible par le fait que les bêtes font partie de l’âme du village.


« Au départ, explique le guide, les crocodiles qui se reposaient dans une flaque d’eau pas loin du village, s’est au fil du temps agrandie et est devenue une mare apportant de l’eau aux habitants du village. On considère donc qu’ils sont nos bienfaiteurs et nous les respectons et l’histoire est transmise aux enfants dès leur jeune âge ». Ici, un crocodile a le même statut qu’un être humain : il a droit à une inhumation au même titre que l’habitant du village et s’il est vieux, on lui organise des funérailles avec tout le rituel digne d’un ancêtre. « Comme ils sont sacrés, aussi bien les habitants de Bazoulé que des localités voisines viennent leur demander protection ou soumettre des doléances, des hommes et femmes en quête d’enfants, des gens malades ou des élèves et étudiants à l’approche des examens et concours.



Certes, la marre attire des touristes et procure un peu de revenu, mais les jeunes n’ont pas voulu s’en contenter. Ils ont alors créé l’Association tourisme et développement de Bazoulé (ATDB) afin d’apporter une réponse économique aux départs des jeunes pour la ville à la recherche d’emploi. Avec le soutien entre autres, du ministère de la Culture et du tourisme, de l’Office national du tourisme, du conseil général de Belfort, en France et de l’Organisation mondiale du tourisme, ils ont construit un campement communautaire dénommée « Tanga Zougou », à proximité de la marre. Le campement comprend des cases de construction traditionnelle dotées de sanitaires, un bar restaurant et une salle destinée aux séminaires et colloques. Des artistes et artisans y travaillent également dans le tissage, la teinture, la sculpture de bois et de bronze.


Durant la visite, le touriste courageux peut bien se faire photographier assis sur le dos du crocodile, en prenant soin toutefois à ne pas toucher ses pattes, « il n’aime pas trop ça » explique la guide. Autre conseil utile : se retenir de bailler en face d’un crocodile ayant la gueule largement ouverte, car « n’ayant pas de langue, il va croire que vous vous moquez de lui. Ses rapports avec le chien sont d’ailleurs mauvais », prévient Alphonse Kaboré



Après deux heures de visite, cap sur la grotte d’Arbi, à Diebougou. Témoignage vivant de la présence coloniale dans la région du sud-ouest et de la « guerre Dinguè », elle aurait été construite en 1900 ( ?) par l’armée française selon certaines sources, par l’armée allemande d’après d’autres sources. Les populations Lobi ont-ils été contraintes de participer à l’édification de ce « bunker », eux dont on raconte que l’hostilité à la pénétration coloniale a été des plus radicales et mieux organisées du pays ? « Non », répond Sié Wolomité, coréalisateur de « Mémoire entre deux rives », un film consacré au sujet et que la télévision nationale, pourtant coproducteur, se hâte lentement de diffuser.


La grotte est un impressionnant monument muni de trois ports d’entrée, de plusieurs galeries souterraines, des dortoirs servant de sentinelle, de repos et de dépôts d’armes, et d’une partie centrale de ventilation. A l’extérieur côté Est, se trouve une tranchée de protection de plus de deux de profondeur. La grotte aurait servi de base à l’armée française pour la conquête de la région du sud-ouest, face aux Britanniques et aux Allemands. On dispose de peu de documents sur l’identité réelle des constructeurs de la grotte, de même que les conditions dans lesquelles elle a été édifiée. Avis aux historiens pour apporter un éclairage sur cette partie de l’histoire de notre partie, d’autant que la grotte porte dans « son ventre » tout un pan de la vie socio-culturelle des habitants de la région.

En fin de journée, l’équipe d’Eductour pénètre dans la cour du « Musée du Poni », une construction coloniale naguère habitée par un médecin, devenue un véritable concentrée de l’histoire et la culture des populations Lobi. Cosmogonie Lobi, rapports entre femme et homme, place des ancêtres dans la vie sociale, pratique religieuses, etc. Tout y est.



Connus pour leur allergie à la centralisation du pouvoir, les Lobi n’ont pas de chef comme on en trouve chez les Mossés. Venus du Ghana, ils se sont installés ici en traversant le fleuve Volta et sont en majorité animistes. La structure de l’habitat Lobi, sorte de forteresse faite de terre battue, elle ne comporte pas de fenêtres, juste des trous par où envoyer des flèches. Cela traduit son souci de se protéger en permanence contre l’ennemi, toujours à l’affût. Le toit du Sounkala (la maison familiale), fait d’immenses planches de bois, mesure à peine 1,50 m. « L’étranger qui s’introduit frauduleusement dans la case Lobi a toutes les chances de cogner sa tête contre les planches et s’évanouir, sinon plus, selon la violence du choc », commente le guide.

Deux chambres, séparées par un mur sont réservées à la première et la deuxième épouse. Chacune d’elle, meublée de piles de poterie, signe de richesse et de respectabilité sociale, est équipée d’une échelle donnant accès à une porte de sortie par le haut, un échappatoire en cas de danger. Quant au chef de famille, sa chambre se trouve au-dessus de la maison, une position qui lui permet de voir venir d’éventuels. Pour le Lobi, rien ne se passe par hasard, tout évènement, heureux ou pas, a une cause, la mort n’étant qu’une étape nécessaire à la réincarnation dans d’autres êtres vivants.

Société matrilinéaire, l’enfant porte le nom de sa mère « parce qu’il n’y a pas de doute qu’elle est bien la mère de l’enfant, ce qui n’est pas le cas du père », explique Palenfo Sié Wolomité. Autre particularité du pays Lobi, le mariage se fait soit par arrangement, par imposition ou par enlèvement !



« Le prétendant enlève la fille qu’il aime, disparaît pendant un bout de temps avant de revenir régulariser sa situation ». Très attachés à leurs traditions, les Lobis pratiquent toujours tous les sept ans le Djoro, des d’épreuves auxquels les adolescents sont soumis et au terme desquelles ils deviennent majeurs. Le prochain Djoro est prévu en 2013 et selon le guide, « beaucoup de gens, vivant surtout à l’extérieur du Burkina s’informent sur les conditions d’inscriptions de leurs enfants ». La première journée de l’Eductour s’achève vers 21 heures par une animation offerte par la troupe "Tout pour tous".




26 septembre, deuxième jour : A la découverte des sanctuaires des rois Gans


7h 15, le guide attitré de cette localité, Farman Kofi prend place dans le car qui transporte l’équipe d’Eductour, direction Obiré, à 7 km à l’Est de Lopropéni, capitale du pays Gan, un peuple faisant partie du grand groupe Lobi. L’hivernage finissant et les arbustes qui débordent sur la route rendent la route encore plus cahoteuse. On accède enfin aux sanctuaires des Rois Gans qui sont des répliques des tombes de ces derniers à l’exception de celle du roi Farman Topan Kpanaguimihan, rejeté pour avoir été d’une grande cruauté envers ses sujets reconnus coupables de délits. « Il ordonnait à son fils de gratter jusqu’à l’os les mollets du fautifs et à cause de ça, à sa mort, son cadavre a été maltraité lors de la procession qui précède l’enterrement ; on laissait tomber son cadavre au lieu de le déposer doucement », explique le guide.


Pour bannir à jamais un tel règne, le roi est désigné pour un mandat de trois ans et s’il donne satisfaction, le collège des sages confirme sa désignation et dans le cas contraire, on s’arrange pour le faire disparaitre. Comme l’exige la coutume, tout nouveau roi a l’obligation de construire un sanctuaire pour son prédécesseur, puis y ériger une statuette à son honneur afin qu’il le laisse régner dans la paix et la tranquillité. Ensemble bazin bleu brillant, bracelets au poignet, bonnet vissé sur la tête et une canne un des attributs de ses pouvoirs, le 29e dans la lignée des rois Gans impressionne par son calme malgré son jeune âge. Il règne sur les 70 000 âmes Gans depuis le 24 mars 2003, alliant tradition et modernité, puisqu’il assume l’héritage de ses prédécesseurs, soit 14 femmes et 60 enfants ! On quitte Obiré aux sons de la musique et la danse improvisées par les villageois, vite rejoints par les membres de l’Eductour.


Les ruines de Loropéni, reconnues patrimoine de l’humanité par l’Unesco en juin 2009, le féticheur Sib Taldjaté, capable « de vous protéger les contre les mauvais esprits et soigner de nombreuses maladies, puis la potière de Nioumini, à huit km de Gaoua, furent les dernières étapes de la journée




27 septembre : Troisième jour, départ pour Banfora


Grâce à une grosse pluie tombée en début de soirée, la nuit a été douce et le sommeil facile. Dès 7 heures, le car peut démarrer direction Banfora. Au menu, les incontournables Cascades de Karfiguela et le lac des hippopotames de Tengrela. Long de 6 km et de 1,5km de largeur, l’histoire du lac de Tengrela remonte au14e siècle et dériverait du nom du premier habitant des lieux, un certain Têgnin, venu de Sikasso au Mali. D’autres membres de la famille l’y rejoindront plus tard et s’adonneront à la pêche, l’agriculture et la vannerie. Avec ses têtes d’hippopotames et son décor poétique surtout à l’heure où le disque solaire rejoint son lit est dans, il n’est pas étonnant que le lac de Tengrela soit l’un des sites les plus visités de la région


Joachim Vokouma à Gaoua et Banfora

Source: Lefaso.net



28/09/2011
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