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Dougoutigui travaille le cuir et maîtrise parfaitement toutes les techniques de l’insertion des motifs décoratifs, pour changer un peu l’aspect. Il arrive à concilier cette pratique avec son rôle de "Djeli" (griot) et de fabricant d’instruments de musique traditionnelle. Malgré le poids de l’âge qui se lit sur son visage, le vieil artisan se table sur sa longue expérience dans le domaine et fait des progrès considérables.

N’ayant pas eu la chance de fréquenter l’école comme certains de ses camarades, il avait néanmoins la fibre de l’art. Il a été initié dès l’âge de neuf ans par son père, qui, à l’époque était cordonnier. Celui-ci se consacrait à la confection des selles de chevaux, de bottes en cuir, de sacs et fourreaux pour sabres, couteaux, amulettes, ainsi que des harnachements. Issu d’une famille de griots "Djelis", il explique que l’origine du Djeli est née d’un différend entre deux frères pour un problème de chefferie. Le frère aîné ayant été intrônisé suite à la disparition de leur père, a conduit le cadet à se retirer dans la brousse.

Pour montrer sa soumission au trône, il devait trouver un instrument qui reproduise le son, et qu’il devait également jouer devant le frère aîné, ceci pour lui faire allégeance. Selon toujours Dougoutigui, le Djeli avait le pouvoir d’intervenir pour apaiser les cœurs des sujets en conflit, de réconcilier les familles en désaccord, de faire les louanges des chefs ou souverains ou les jeunes cœurs qui convolent en noces. Il s’identifie au cordonnier pour certains travaux spécifiques, mais se complait à recouvrir les bouteilles et les vases en poterie de cuir tanné.

Dougoutigui, consacre aussi son temps à fabriquer des instruments de musique traditionnelle tels que : balafon, kora, djembé, tam-tam, tambour d’aisselle et tambour majeur (bendré), kalimbas, ngoni, maracasses, etc... Selon l’artisan, le balafon est un instrument de musique traditionnelle commun à certains pays de la sous-région (Sénégal, Mali, Guinée, Burkina Faso), tout comme le djembé et la kora. "La technique de conception du balafon varie suivant les ethnies qui l’utilisent. La forme et les accessoires qui composent cet instrument devenu presque universel, est fonction de la langue de communication de la région ou de la localité. Les Dagaris, Lobis, Pougoulis, Dioula, Bambaras, Sénoufos, Bwabas, Bobos et Sénoufos ont leur façon de concevoir le balafon.

A l’époque, dans certaines contrées, le balafon ne se jouait pas n’importe comment, sauf pendant les moments de réjouissances (mariages, baptêmes etc...) où à des circonstances douloureuses (décès et funérailles). De nos jours, le balafon est un instrument d’accompagnement dans la musique moderne, les concerts et les danses chorégraphiques", confie Dougoutigui Koné. Ayant intégré le Centre national d’artisanat d’art, il partage ses activités entre cette structure et l’atelier familial. Sa quarantaine d’années d’expérience lui a permis d’exposer ses productions aux différentes éditions du SIAO, du FESPACO et de la SNC. Ses clients fidèles se comptent parmi les chorales religieuses et les troupes artistiques.

Le bois de "Noïga" en mooré, la peau de bœuf, de chèvre ou de mouton ainsi que le fer rond transformé en cerceau entrent dans la fabrication du djembé et du balafon. La décoration d’une bouteille ou d’un objet utilitaire de décoration peut facilement prendre deux à trois jours. Quant à la confection d’un djembé ou d’un balafon, il peut mettre une vingtaine de jours, voire un mois. Tout comme il est maître dans la confection des instruments traditionnels, l’artisan-griot est aussi un virtuose du balafon et du djembé. Il a aussi la carrure de musicien instrumentiste.

Privat OUEDRAOGO

Source: Sidwaya